La Villa Voortman est un lieu de rencontres à usage non résidentiel, qui a initialement vu le jour au sein du Centre psychiatrique de Gand-Sleidinge. Depuis 2010, Voortman s’engage à offrir une solution pour pallier les zones d’ombre que l’on rencontre au niveau des soins psychiatriques traditionnels. La Villa Voortman s’adresse à un nombre croissant de personnes présentant un double diagnostic et des troubles multiples, confrontées au déclin de la capacité d’accueil et de soins du réseau de soins de santé traditionnel, souvent surspécialisé. Ces personnes sont considérées comme étant trop perturbées sur le plan psychique que pour une prise en charge par des services d’aide aux toxicomanes, et trop dépendantes que pour trouver une place dans les structures d’accueil psychiatrique actuelles. Elles sont aussi confrontées à la pauvreté, au sans-abrisme et à des démêlés fréquents avec la Justice. En raison de leur exclusion sociospatiale et de leur perte de confiance dans le système de soins, beaucoup d’entre elles évitent et/ou résistent à se faire soigner. Cela creuse encore le fossé entre ces personnes et les soins dont elles ont besoin.
L’approche de la Villa Voortman se caractérise par l’offre d’un « asile » ou d’un abri, d’un lieu convivial où ces personnes se sentent bienvenues et acceptées. La Villa Voortman mise sur la créativité et la culture pour réduire le fossé entre les services d’aide et les personnes nécessitant cette aide. En plus d’offrir un accompagnement thérapeutique sur base volontaire, la Villa Voortman a développé un protocole artistique, grâce auquel elle entend créer et faciliter des opportunités de rencontres entre les personnes qui nécessitent de l’aide, mais aussi entre ces personnes et les aidants. Les encadrants actuels, Dirk Bryssinck et Wim Haeck, veulent ainsi rompre avec la dichotomie traditionnelle patient/soignant. Le projet se déroulant à petite échelle, il est possible de travailler sur une base égalitaire et de permettre à chacun d’avoir voix au chapitre, afin de retrouver et protéger la dignité humaine des participants. La Villa Voortman part d’une approche visant à « limiter les dégâts » en matière de soins de santé, et dispose de la flexibilité structurelle nécessaire afin d’offrir des soins ciblés en fonction de besoins spécifiques.
L’espace sûr offert par la Villa Voortman est fortement ancré au niveau local dans le quartier de Rabot, un quartier de Gand plus vulnérable sur le plan socio-économique. La Villa Voortman s’inspire ainsi du concept de « community-based health care » ou de communauté de soins. Elle est intégrée dans un réseau de soins de santé et travaille entre autres en étroite collaboration avec Straathoekwerk, le CPAS, le Medisch Sociaal Opvang Centrum, les équipes mobiles, l’Assertieve Zorg in de Samenleving (AZiS+) et les maisons médicales, qui sont fortement ancrées dans le tissu sociétal de la ville. La Villa Voortman déploie ainsi également des équipes mobiles pour pouvoir aller à la rencontre des personnes nécessitant des soins de santé dans leur propre environnement.
Le Centre psychiatrique de Gand-Sleidinge veille à la continuité de l’accompagnement thérapeutique et à la mise à disposition opérationnelle de personnel, ainsi qu’aux solutions de logements et au facility management. La Ville de Gand encourage également activement l’initiative. La Ville a notamment mis à disposition 8 anciens logements sociaux du Vogelenzangpark, situé à proximité, qui seront définitivement affectés à la Villa Voortman, et a financé une part substantielle des frais de rénovation nécessaires. Pour l’accompagnement et le financement des projets artistiques, la Villa Voortman s’appuie sur sa structure complémentaire : les Amis de la Villa Voortman. Son conseil d’administration est constitué de façon délibérément diversifiée, intégrant à la fois des représentants des autorités et des représentants du monde médical, académique, judiciaire et culturel.